Traitement de la vigne en 2020 : ce qu’il faut savoir

Au mois de mai débutera la période du traitement de la vigne dans les vignobles français. Des conditions particulières sont à prévoir puisque le gouvernement a mis en place de nouvelles réglementations pour les pulvérisations. L’épidémie de COVID-19 qui sévit toujours sur le territoire risque également d’avoir un impact sur ces travaux de traitement.
Pourquoi la vigne nécessite-t-elle un traitement ?
Les travaux de traitement de la vigne ont généralement lieu pendant le mois de mai. Ils interviennent pendant ou après le palissage qui permet d’aérer la vigne pour limiter la propagation des maladies. Traiter la vigne consiste à pulvériser des produits phytopharmaceutiques afin de renforcer la protection contre les maladies cryptogamiques.
Des champignons parasites microscopiques qui se propagent sur les végétaux par dissémination de spores dans l’air ou dans l’eau sont la cause de ces maladies. Les maladies cryptogamiques constituent 90% des maladies qui affectent les végétaux. Elles entrainent la nécrose des feuilles et affaiblissent les plantes. Les maladies cryptogamiques touchant le plus fréquemment la vigne sont le mildiou et l’oïdium.
La mise en place de nouvelles réglementations : les Zones de Non-Traitement
Cette année, de nouvelles réglementations concernant la pulvérisation de produits pharmaceutiques dans les exploitations agricoles et viticoles sont entrées en vigueur. L’arrêté du 27 décembre 2019 et le décret du 27 décembre 2019 indiquent les règles des nouvelles Zones de Non-Traitement ou ZNT. Ces ZNT sont les distances de pulvérisation à respecter de la part des agriculteurs ou viticulteurs vis-à-vis des habitations voisines.
La distance des ZNT varie de 0 à 20 mètres selon les produits et les matériels de pulvérisation. Plusieurs règles sont donc à connaître. Tout d’abord il faut vérifier la notice et l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) du produit utilisé. Si celle-ci indique une distance de non-traitement, alors celle-ci prévaut. Sinon, trois cas existent :
- Si le produit de pulvérisation utilisé est un produit de biocontrôle, une substance de base à faible risque ou un produit utilisable en agriculture biologique, alors il n’y a aucune distance de sécurité à adopter.
- Si le produit de pulvérisation utilisé implique un certain danger (mentions H300, H310, H330, H331, H334, H340, H350, H350i, H360, H360D, H360F, H360FD, H360Fd, H360Df, H370, H372) ou s’il contient un perturbateur endocrinien, alors la distance de sécurité à respecter est de 20 mètres incompressibles.
- Pour les autres produits phytopharmaceutiques, la zone de non-traitement est de 10 mètres modulables selon la qualité du matériel. Ainsi, si le pulvérisateur utilisé réduit les pertes de 66%, la distance de non-traitement est réduite à 5 mètres. S’il réduit les pertes de 90%, la distance de non-traitement est réduite à 3 mètres. Retrouvez la liste du matériel permettant une réduction de la ZNT.
L’impact de l’épidémie de COVID-19 sur le traitement de la vigne
Ce qu’il faut savoir également, c’est que les réductions de ZNT ne sont possibles que lorsque le traitement entre dans le cadre d’une charte d’engagement des utilisateurs. Les syndicats agricoles et les chambres d’agriculture élaborent ces chartes à l’échelle du département. Après leur rédaction par les professions agricoles et viticoles, ces chartes doivent être soumises à concertation publique pendant un mois au minimum. À la fin de la concertation, les chartes sont transmises au préfet qui doit les valider et les publier dans un délai de deux mois.
Cependant, une circulaire du 3 février 2020 a établi une première dérogation. Celle-ci permet aux viticulteurs et agriculteurs de ne pas attendre les retours de la concertation autour de la charte ni l’approbation par le préfet. Cette dérogation vaut jusqu’au 30 juin 2020. Il suffit donc d’engager la concertation pour faire appliquer que les distances minimales.
La crise sanitaire liée au COVID-19 vient également perturber ce processus de charte d’engagement des utilisateurs. Le ministère de l’Agriculture a annoncé le 30 mars 2020 que, compte tenu des difficultés à mener les concertations publiques en cette période difficile, les préfets faciliteraient encore les réductions de ZNT. Il suffit donc aux chambres d’agriculture et aux syndicats agricoles de s’engager à mener des concertations dès que le contexte sanitaire le permettra.
Les associations environnementales et de riverains contestent ces décisions. D’autant plus que le confinement concerne encore la majorité de la population et que cela risque de créer un cocktail explosif avec les nouvelles réglementations de ZNT. Les organisations viticoles encouragent donc les viticulteurs a faire preuve de pédagogie vis-à-vis de leurs voisins. Ils recommandent de les prévenir avant chaque traitement et de leur rappeler les bons gestes à adopter lors des pulvérisations. Notamment rentrer le linge, fermer les fenêtres et ne pas laisser les enfants jouer dehors.