Les vignerons et viticulteurs français demandent des compensations économiques de la part de l’État et de l’Union Européenne

Compensations vignerons

Depuis le début de l’année 2020, la filière viticole française est en proie à bien des difficultés. Ces difficultés résultent d’un alignement d’évènements ayant des effets négatifs sur l’ensemble de la profession : mise en place des Taxes Trump, difficultés d’exportation en Chine (qui favorise l’importation de vin du Chili et d’Australie), crise sanitaire liée au coronavirus. En conséquence, les viticulteurs et vignerons français demandent des compensations économiques de la part de l’État et de l’Union Européenne.

L’espoir d’une compensation rapide à la Taxe Trump faiblit

Depuis la mi-octobre, les États-Unis ont décidé d’ajouter une taxe de 25% sur plusieurs produits dont le vin français, et ce en représailles aux subventions accordées par l’Union Européenne à Airbus. Les viticulteurs ont le sentiment d’être victimes d’un conflit économique qui ne les concerne pas, et subissent de plein fouet les effets de cette surtaxe. Sur le dernier trimestre de 2019, les exportations de vin français ont ainsi diminué d’environ 40%, provoquant une perte de chiffre d’affaire de 40 millions d’euros. 

Les vignerons réclament depuis le début de l’année la création d’urgence d’un fond de compensation de 300 millions d’euros afin d’amortir les pertes actuelles et à venir. Lors de sa visite au dernier salon de l’Agriculture, Emmanuel Macron avait suscité l’espoir en annonçant la création d’un « fond de compensation européen dès ce printemps ». Les demandes des vignerons ont depuis été portées par l’État à la Commission européenne. 

Cependant, plusieurs éléments indiquent qu’une avancée rapide sur ce dossier semble compromise. La mise en place du fonds de compensation dépendrait du résultat d’une étude d’impact des surtaxes sur les secteurs vitivinicoles. À travers cette étude, la Commission Européenne tenterait de gagner du temps dans l’objectif de négocier avec les États-Unis, en s’appuyant sur le jugement de l’OMC à propos des subventions américaines à Boeing qui doit être rendu en mai ou en juin. Mais le calendrier des négociations risque d’être fortement bouleversé par la crise sanitaire liée au coronavirus, effaçant ainsi tout espoir d’une action rapide de l’Union Européenne pour compenser les pertes dues aux surtaxes américaines.

Les vignerons demandent des mesures d’accompagnement fiscal et social

La crise sanitaire liée au coronavirus a causé l’arrêt de beaucoup d’activités de production dans le monde. Les viticulteurs et vignerons français n’y échappent pas et c’est aujourd’hui toute la filière qui est concernée : nouvelles conditions du travail des vignes à organiser, fermeture des usines, perturbation des transports, fermeture des frontières, etc. Cela a de lourdes conséquences sur l’import-export et la main d’œuvre.

Pour faire face à cette crise, le gouvernement a engagé d’importants moyens pour soutenir l’économie française : report des échéances administratives, chômage partiel, fonds de solidarité ou encore soutien aux entreprises exportatrices. Jean-Marie Fabre, président du syndicat Vignerons indépendant, commente : « Ce sont des mesures que l’on peut dans l’ensemble saluer, tant sur la rapidité de mise en place que sur le volume des fonds publics mis à disposition. Mais il est nécessaire de les adapter à la réalité de nos entreprises vitivinicoles ».

Le syndicat a notamment demandé l’exonération totale des charges patronales et salariales sur le salaire des employés, ainsi que l’exonération totale des charges sociales de l’exploitant. Des négociations ont également été entamée avec les banques pour que les vignerons indépendants bénéficient d’une année blanche pour le remboursement des emprunts en cours.

D’autres mesures ont été demandées par la CNAOC (Confédération Nationale des producteurs de vin et eaux-de-vie de vin à Appellation d’Origine Controlées) et l’ANEV (Association nationale des élus de la vigne et du vin), notamment la mise en place au niveau européen d’aides à la distillation de crise.

Une distillation de crise à l’échelle européenne

Le processus de distillation de crise consiste à utiliser l’alcool issu de la distillation pour fabriquer du gel hydroalcoolique. En effet, les demandes de gel hydroalcoolique explosent à cause de la situation sanitaire extrême que connait la planète. Ce mécanisme de distillation de crise permettrait d’écouler les stocks de vins non vendus et ainsi libérer de la place dans les cuves pour les prochaines vendanges. 

La mise en place de ce processus est actuellement en discussion à la Commission Européenne. Plusieurs représentants de syndicats vignerons et hommes politiques ont insisté sur la nécessité d’un plan de distillation de crise à l’échelle européenne. 3 millions d’hectolitres de vin français pourraient ainsi être distillés avant la fin de l’été. Le vignoble français demande une subvention de 80 centimes par hectolitre pour réaliser ces opérations de distillation. 

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