Le réchauffement climatique et l’adaptation des vignobles

Le réchauffement climatique que connait la planète depuis le XXème siècle a des répercussions sur de nombreux domaines de la vie humaine. La viticulture n’y échappe pas, au contraire. Les conditions météorologiques sont en effet essentielles dans le bon développement de la vigne. Comment les vignobles vont-ils s’adapter au réchauffement climatique ?
Des vendanges de plus en plus prématurées
Plus l’année est chaude, plus la date des vendanges est précoce. L’évolution de la date des vendanges ces dernières années est directement liée au changement climatique. Les chiffres évoluent en fonction des vignobles, mais en moyenne les vendanges ont lieu environ 15 jours plutôt qu’il y a 40 ans. Par exemple, en 1980 en Champagne, les vendanges commençaient lors de la première semaine d’octobre. Aujourd’hui, elles commencent plutôt aux alentours de la mi-septembre.
De plus, l’année 2020 s’annonce comme une année record en termes de précocité de la vigne. Cette année, les vendanges pourraient débuter fin août dans certaines vignobles. On voit donc que les années de précocité tendent à devenir la norme. « Une évolution conduisant à une avancée de la date des vendanges est un marqueur efficace du réchauffement climatique, et de la réaction de la végétation », rappelle le ministère de la Transition écologique et solidaire.
En plus de cette précocité, la chaleur a un grand impact sur les vendangeurs. La température moyenne en France a augmenté de 1°C au cours du XXème siècle. Selon les nombreuses projections des scientifiques, la température de surface du globe pourrait croître de 1,1 à 6,5°C pendant le XXIème siècle. L’augmentation de la chaleur va rendre le travail des vendangeurs encore plus difficile. Les pauses devront être plus nombreuses et cela va entraîner des pertes de production.
Des raisins et des vins plus sucrés
En plus d’influer sur les dates des vendanges, l’augmentation de la chaleur et une plus grande exposition au soleil rendent les raisins plus sucrés. Ils produiront ensuite du vin de la même nature, ce qui induit un pourcentage plus important en alcool. Patrick Bertuzzi, directeur de l’unité Agroclim à l’Inra, évoque une hausse de l’ordre « d’un degré tous les dix ans dans les vignobles du sud du pays, et d’environ 0,5 ou 0,7 degré dans ceux du Nord ».
Ce phénomène de réchauffement entraine également une fragilisation des ceps. Cette précocité des récoltes est d’ailleurs due au fait que la végétation en elle-même est condamnée à démarrer plus tôt à cause d’un hiver qui n’est plus aussi rude qu’auparavant. Avec une vigne qui bourgeonne en mars, les risques induits par le gel ne peuvent que l’atteindre puisqu’ils perdurent jusqu’au mois de mai. Certains cépages naturellement précoces seront donc particulièrement touchés par l’augmentation des températures. C’est le cas du Gamay, du Chardonnay ou du Sauvignon, fortement présents en France.
Comment s’adapter face au réchauffement climatique ?
Le constat est inquiétant mais il ne faut pas tomber dans l’alarmisme. Certaines solutions pourraient être envisagées et les vignerons essaient déjà de s’adapter. La montée des vignes vers les territoires du nord pour suivre le rythme de l’augmentation de la température est peut être possible. Mais cela irait à l’encontre des terroirs et des appellations accordées aux zones géographiques des vignobles.
Retarder les plantations des plans de vigne fait aussi partie des alternatives à considérer. Cela peut permettre la floraison de la vigne en dehors des périodes de gel et retarder les vendanges pour qu’elles aient à nouveau lieux en septembre. Enfin, les cépages actuels peuvent être remplacés par des cépages plus résistants, capables de survivre à un climat plus chaud.